55L’expérimentation menée en son temps par Ranucio Bianchi Bandinelli, quoique limitée, est intéressante. XLV. Ensuite : Cicéron, qui s’intéresse à l’aménagement de sa villa, accepte la suggestion de l’architecte. Car dans les pièces ouvertes vers le sud et l’ouest, les livres sont endommagés par les vers et la poussière, ce qui est causé par les vents humides, et qui provoque la moisissure des rouleaux de papyrus par diffusion d’un air moite96. Voir Packer 1992b, p. 156 note 23. Pourquoi augmenter la taille des spires de manière « mécanique », alors que le concepteur des reliefs disposait d’un outil qui lui permettait d’adapter les reliefs avec une précision remarquable, tant en longueur spirale qu’en hauteur ? 106L’inclinaison des imagines clipeatae du Forum de Trajan, si elle ressortit du simple bon sens et d’une pratique traditionnelle, a aussi une justification optique et une application architecturale. Ressort alors ce constat surprenant : même limitées à 12 mètres de hauteur, ce sont les terrasses qui présentent le meilleur point de vue sur la frise, y compris pour les spires inférieures. Admettons-le, cette solution n’est, définitivement, pas satisfaisante. 139 On l’a dit, la distance pouvait être moindre au niveau du sol, mais avec l’inconvénient d’un angle visuel plus important. 123 Packer 1997a, p. 446, commente ainsi les propositions (qu’il réfute) de Carla Maria Amici : « There is, however, no evidence for stairs to a terrace of this kind [...] ; and in any case, the north and south sides of the Column would have been fully visible from the terrace of the Basilica and from the stairs and porch of the Temple of Trajan ». Carla Maria Amici avait restitué, au-dessus de la première nef latérale de la Basilica, une seconde terrasse en plein air dont la hauteur est estimée, d’après les documents fournis155, à environ 26 m. La distance séparant un observateur de la face SE serait alors, dans le cas optimal de la vision perpendiculaire, de 17,50 m en vis-à-vis de la dix-septième spire. Ces stèles, hautes de trois mètres, étaient rédigées en caractères minuscules, ce qui, pour le chercheur italien, rendait impossible la lecture directe. Cet argument est aussi présent dans l’optique antique : « On voit mieux, dit Ptolémée, ce qui est atteint à la perpendiculaire que ce qui l’est obliquement ». IIIb-c, Trajan est en tunique parmi des togati, mais la spire 11-12 présente la grande soumission des Daces, la spire 14-15 une bataille, et la spire 15-16 le franchissement d’un pont ( ?) III, p. 182 numéro 864 planche 32.9, ne se prononce pas. Édition illustrée avec les photographies exécutées en 1862 pour Napoléon III, avec la collaboration de H. Chew, Paris, 2015, 35x30,5 cm, 303 pages, 63 planches montées à l’italienne”. Ce dernier étend le toit de la nef centrale jusqu’à la première nef latérale en lieu et place de la seconde terrasse (Packer 1988, p. 316-317 ; Packer 1992b ; et Packer 1992a, p. 84) Lucrezia Ungaro et Marina Milella ont conservé la seconde terrasse autour de la Basilica (I luoghi del consenso imperiale 1995b, p. 16). Les catégories ne sont donc pas aisées à délimiter et le constat vaut, à notre avis, pour la colonne Trajane. Bref, nous voici devant un ensemble de reliefs dont la cohérence de conception et de réalisation ne fait pas de doute, et qui demande : à être confronté à l’environnement architectural et urbain de la Rome de Trajan, à titre d’élargissement et de vérification des conclusions tirées de l’étude de la seule frise historiée ; à être interprété, pour que s’en dégagent les valeurs de représentation qui, analysées et mises en système, décriront « l’idéologie trajanienne » ; enfin, à être confronté aux attentes du public romain, afin de mieux cerner les conditions de réception de ce système idéologique. la colonne coclide Il a été inauguré en 113, avec une spirale longue frise qui est enroulée, à partir du bas vers le haut, sur la tige entière de la colonne et décrit le guerres de Dacia (101-106), Peut-être basé sur les perdus commentaires Trajan et peut-être aussi par l'expérience directe. 111Il suffit de détailler les spires 1 à 4 pour percevoir l’originalité de cette disposition. On sait que les relations entre les œuvres antiques (le système idéologique qu’elles développent) et leur public, est devenu un volet de la recherche contemporaine. Si on admet que les segments A-B (figure 36), qui englobent les spires 1 à 6, constituent le cône visuel de référence, le report de ce dernier depuis les terrasses montre que, dans ce cas, ce sont les spires 14 à 19 ( ?) Merci, nous transmettrons rapidement votre demande à votre bibliothèque. À titre de démonstration, il utilise un exemple tiré de la sphère privée, les mosaïques. Or, la confrontation de la colonne Trajane avec les principes de Ptolémée permet de dégager une certaine adéquation entre le monument et les principes de la théorie optique tels que le savant égyptien les énonce. La disposition du portrait du Forum de Trajan correspond à cet usage romain, qui vise à proposer au spectateur une vision optimale du relief, faciale (ou s’en approchant), bref axiale. 31 – Reconstitution de la cour autour de la colonne Trajane, avec indication de l’escalier (d’après Stucchi 1989, figure 9). XXX, 12 (trad. Il est révélateur que le premier complexe urbanistique élevé dans l’Urbs sur ce principe soit le théâtre de Pompée74. Melucco-Vaccaro 1992, indique que, lors de la restauration des monuments de marbre de Rome, n’ont été détectés que des vestiges de traitements d’entretien et de restauration tardifs, mais ne remet pas en cause la pigmentation des œuvres antiques. Après les “ volumes respectivement publiés à Turin et à Rome par S. Settis en 1998 et F. Coarelli en 25La hauteur remarquable de ce type de monument est enfin confirmée par un cippe de marbre, qui donne à la colonne de Marc Aurèle le surnom de columna centenaria, référence explicite à la dimension du fût49. 15Les stèles des ludi saeculares, hautes de trois mètres, étaient certes ornées de lettres minuscules ; le texte gravé n’en était pas moins reconnaissable. En tant que matériau blanc, le marbre de Carrare était de toutes façons apte à recevoir l’adjonction de couleurs. La frise immortalise les campagnes menées par l’Empereur Trajan contre les Daces en 101-102 et en 105-107 après JC ; elle se déroule en continu, montre des scènes de batailles, mais aussi des transferts et des départs de troupes, des travaux de fortifications, des conciliabules, des sacrifices, des ambassades et des soumissions. Le sculpteur monumental (c’est-à-dire le créateur de statues colossales par la taille) doit lui-aussi prévoir l’effet optique que produira son œuvre une fois en place, et compenser les effets de la hauteur par l’application de principes visuels tirés de la science de l’optique, et non de principes mathématiques abstraits. LI, spires 17 et 18. Report de la distance de vision depuis le sol au niveau des terrasses (d’après les dimensions données par Packer 1997a). Si l’on observe de plus près le vocabulaire employé, on s’aperçoit que Pline utilise à plusieurs reprises, pour décrire les marbres blancs, des qualificatifs liés à la lumière. Barbare. Euclide, Damien puis Vitruve, Lucrèce, Sénèque et enfin Claude Ptolémée en 127-151 après J.-C.78, ont fait de cette perspective, de l’acte de « voir à travers », une condition indispensable à la vision. 70 Properce, Elégies II, 31 : « Le grand César [Auguste] vient d’ouvrir le Portique d’Or de Phébus. Notons qu’il enchaîne ensuite (XXXV, 15) sur le problème de l’origine de la peinture : les imagines de cire étant, dans son esprit, la « peinture » romaine des origines. LES BIBLIOTHÈQUES ET LA COUR DE LA COLUMNA TRAIANA (fig. Colonna Traiana) — Romada Trayan meydanında sütun. Il a également été construit une montée tournante vers le toit. Conférence de John Scheid - Représentations sacrificielles d'après la colonne Trajane - Duration: 1:15:41. 44 Il s’agit du Curiosum urbis Romae regionum XIIII composé entre 334 et 357 après J.-C. (à ce propos, lire le Codice topografico della città di Roma 1940, p. 68 et 113115 ; cité également dans Lugli 1965a, p. 53) : Templum Traiani et columnam coclidem altam pedes CXXVII semis ; grados intus habet CLXXX, fenestras XLV. Nous avons déjà évoqué l’inscription qui mentionnait des pontes entourant la colonne aurélienne145. Ces adaptations pragmatiques d’une théorie optique, sur un monument posant autant de problèmes de vision que la colonne Trajane, peuvent laisser sceptique. Actuellement couronnée par un St Pierre chrétien, elle montre aussi en ceci, comment l'idée d'un centre et d'un repère,… Consulter Stucchi 1989, p. 238-245, pour des photographies de détail de la lacune. Pierre Gros (ibid., p. 56-61) commente ce dispositif en soulignant sa nouveauté par rapport au dispositif des basiliques tardo-républicaines, ouvertes sur l’extérieur et pourvues à l’étage d’une terrasse extérieure. Bout De Gomme. Reste à comprendre comment s’articulent leur visibilité supposée et la lecture de leur discours. Ministère de la maison de l'empereur et des beaux-arts. Au centre se dresse le temple, éblouissant de marbre et plus cher à Phébus que sa patrie d’Ortygie ; au faîte du temple, le char du soleil ; sur la porte, chef d’œuvre d’ivoire libyen, d’un côté les Gaulois précipités des hauteurs du Parnasse, de l’autre la fille de Tantale abîmée dans le chagrin et le deuil. EGESTVS, « Le sénat et le peuple romain, à l’empereur César Nerva Trajan Auguste, fils du divin Nerva Auguste, germanique, dacique, grand pontife, en sa 17e puissance tribunitienne, salué imperator pour la 6e fois, consul pour la 6e fois, père de la patrie, pour faire savoir de quelle profondeur la colline et l’endroit ont été creusés par de si grands travaux. 120 Piazzesi 1989, p. 176. 140 Nous entendons par « aire préférentielle » la combinaison d’une distance et d’un angle réduits. Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, Par auteurs, Par personnes citées, Par mots clés. [...] Le dieu des armes lève les yeux vers le faîte du monument (Prospicit Armipotens operis fastigia summi...) : il est satisfait d’y trouver tout en haut les dieux invaincus. Un temps dédié à Trajan dont seule une colonne de marbre blanc persiste aujourd’hui. 194 Face E : spire 14, pl. 31) et d’observer plus complètement la frise. Sur les relations entre les scaenae frontes des théâtres augustéens et le nouveau pouvoir : Gros 1987. 45 Le Curiosum et la Notitia cités note précédente (d’après par Lugli 1952, p. 98), puis Polemius Silvius, Quae sint Romae (cité par Lugli 1952, p. 99). 87On peut déduire, a contrario de la recommandation de Vitruve, que de telles terrasses étaient largement utilisées par les promeneurs. XXXIIa, spires 10 et 11 ; pl. E assai maggiore del naturale, anzi pare che sia d’un colosso. Installé à mi-hauteur du fût, le promeneur romain, cet ambulator qui gênait les negotiatores de Vitruve, pouvait détailler à loisir une grande partie des reliefs puisqu’il observait depuis la Basilica Ulpia la thématique d’au moins vingt spires. Ce point vise à mettre au jour les mécanismes prévus pour aider le spectateur romain à passer de la première phase du regard – perception – à la seconde – lecture du discours – avec le maximum de facilité et le minimum de perte d’informations. 37Les règles théoriques visant à garantir une bonne vision ont été énoncées par Ptolémée. À bien y regarder, l’ambiguité du terme est gênante. Mais quand celles-ci auront été inclinées vers l’avant, comme il a été prescrit ci-dessus, elles apparaîtront alors à nos yeux d’aplomb et à l’équerre185. Pour une bonne vision des couleurs, elle ne doit être ni surabondante, ni insuffisante. Si monumentum il y a dans ce cas, il use d’inscriptions minuscules et minutieuses, et pas de documents annexes. [...] La colonne est bien ainsi le point terminal de l’axe optique, et le déroulement giratoire des parcours semble fonction d’une réelle possibilité de lecture de la frise historiée, qui était colorée de manière à accentuer les contrastes, certainement beaucoup plus tranchés qu’aujourd’hui ». Preuve que, à la fin de la République et dans un milieu romain cultivé (de culture hellénistique), les théories optiques tombent sous le sens. 99). Sur la lecture, consulter Salles 1992 et Valette-Cagnac 1997. Si l’on accepte cette correction, il apparaît que l’observateur jouissait depuis les terrasses (sur les faces SE et NO en priorité) d’un point de vue plus favorable encore que depuis le sol, puis-qu’il lui permettait de reconstituer les lignes thématiques sur, environ, vingt spires. Au pire, l’hypothèse soutenue ici suppose que les concepteurs de la frise avaient le souci de la plus grande visibilité possible, ce qui n’exclut pas un échec relatif de leurs dispositifs. 169 Bianchi Bandinelli-Torelli 1976, p. 91-94 ; Turcan 1995, p. 145. Enfin, Rizzo 2001a, p. 215-216, et Rizzo 2001b, p. 44-46, met en relation l’inscription et la hauteur de terre excavée pour la construction de la colonne. Voir Constans 1931, p. 231-233. Le débat n’est pas tranché : par exemple La Regina 1988, p. 21, ne reprend aucune identification, au contraire de Packer 1997a, p. 131-135, 467-470, figure 81 et planches 68-70, qui y voit sans hésitation le temple du Divin Trajan. Pour indiquer à quelle hauteur s’élevait la colline qui fut détruite par les travaux55. 28De ce tour d’horizon des sources, se dégage un constat : la hauteur de la colonne et la spire hélicoïdale, considérées aujourd’hui comme les obstacles principaux à la visibilité, sont précisément les caractéristiques qui distinguent ces monuments des colonnes honorifiques traditionnelles. 40). 58L’exiguité de la place est frappante en regard des dimensions de la place du Forum ou de la Basilica118. Pline l’Ancien en légitime l’usage : On se servait seulement des marbres pour élever des colonnes dans les temples, et non pas dans un dessein de faste – on ne connaissait pas encore ce travers-, mais parce qu’il n’y avait pas d’autre solution pour en dresser de plus solides99. 161 Ungaro 1995, p. 107, et Ungaro-Milella 1995a, p. 124125, proposent des prises de vue complémentaires de celles ici présentées. Dans ce domaine, la colonne Trajane n’innove pas. 93 Cicéron, Ad Atticum II, 3, 2. 187 Contrairement à ce que suppose Paul Veyne, les observateurs attentifs existaient dans l’Antiquité, comme l’indique Plutarque, De tranquillitate animi IX (d’après Settis 1991, p. 193) : « La plus grande partie des hommes pensent devoir observer soigneusement et dans les détails (akribos kai kata meros) les poèmes, les peintures et les sculptures, en les parcourant avec les yeux et avec l’esprit ». Il est concevable que ce seuil narratif (l’essentiel des opérations étant passé, la présence de Trajan n’est plus nécessaire) a correspondu au seuil optique voulu par les concepteurs du projet : les spires 22 et 23 ne comportant plus la silhouette impériale, il n’était pas important qu’elles sortent du dispositif optique prévu. Le fond dominant de la frise devait être en rapport avec cette vision culturelle, un fond de couleur sombre, ce qui est conforme aux principes de l’optique antique. Sur l’imposante bibliographie consacrée à la question, consulter encore Mansuelli 1969, et Becatti 1982, p. 540-542, qui conclut que la dédicace fait référence, non à une hauteur entre Capitole et Quirinal, mais aux travaux nécessaires pour entailler les pentes des deux collines. Sujet du message : Colonne de Trajan. Le dispositif visuel est donc lié, certes à la qualité et la fonction des monuments, mais aussi à la situation physique du relief. Par comparaison, les scènes 33 à 36 de la seconde campagne ne comportent également aucun arbre, mais ces derniers réapparaissent, en même temps que les Sarmates et les Daces, au cours des opérations militaires qui suivent. printPDF. 61Le cône visuel de référence est constitué par les segments A et B, rayons « émis » par un observateur placé au pied de la colonne (pour des commodités d’échelle, cet observateur idéal a une taille standard de 1,73 m). Trouvez des champs lexicaux pour l'écriture de vos textes. Tous droits réservés. 99Cela n’a, en fait, rien de surprenant. There is no clear evidence to suggest the presence of Christianity in Cyprus during the first three centuries AD. En dernier lieu, Packer 1997a, p. 448. Cette disposition se retrouve dans la littérature augustéenne, par exemple la description du temple de Mars Ultor par Ovide68construite autour des verbes de vision69et qui rend le parcours du regard du dieu. Warning). XXXV, 29 (trad. No Christian tombs or cemeteries were found on the island, with the exception of merely six crypto-Christian tombstones with pagan inscriptions. 114 Settis 1988a, p. 598, pour une reproduction de cette œuvre du XIXe siècle. J. André, R. Bloch et A. Rouveret). 5Il est vrai que la rareté des témoignages incite à s’interroger sur la perception des images dans l’Antiquité. Y a-t-il une relation entre la courbe du fût et les dispositifs assurant une bonne visibilité des reliefs, en l’espèce la hauteur des terrasses ? Ainsi, aux monnaies exaltant la Dacie conquise198, succédèrent des monnaies insistant sur la richesse de la nouvelle province199 : la Dacie tête nue – et en toge ? 160 Je remercie la Dottoressa Lucrezia Ungaro qui a attiré mon attention sur le caractère surprenant, de son propre aveu, du dispositif de suspension de cet élément. ... Borba Grka i Amazonki, Skopas, frise du Mausolée d’Halicarnasse, 350 av. Décrivant quelques épisodes-clés des opérations militaires, l’auteur anonyme de la vie de Marc Aurèle ne procédait pas, semble-til, au hasard : Cet ordre a priori bizarre des faits [commente R. Turcan] correspond à ce qu’on voit sur la colonne [de Marc Aurèle] quand on se tourne vers l’ouest, c’est-à-dire vers le temple de Marc Aurèle. 193 Face SE, spire 14, sc. Paris Ier Colonne Vendôme détail frise C'est une colonne en bronze de 44,3 mètres de haut et d'environ 3,60 mètres de diamètre moyen, posée sur un socle et surmontée par une statue de Napoléon Ier. 4Pour reconstituer le mode de perception originel des œuvres antiques, Paul Veyne s’est efforcé de replacer les œuvres d’art de l’Antiquité dans leur quotidien, effaçant par là le statut exceptionnel dont elles jouissent dans la culture contemporaine. Les différents épisodes sont mis en scène avec force détails : rochers, arbres, bâtiments ; la sculpture est « vivante » ! Les processions parallèles de l’Ara Pacis, pour prendre un exemple romain, se prêtaient à une telle mise en couleur. L’argument souvent cité, mettant en avant l’augmentation de hauteur des spires en fonction de leur situation sur le fût, a été démenti (fig. La solution choisie en fait la charnière optique du monument : ce seuil d’étrécissement, à hauteur de la douzième spire, permettait à l’observateur placé sur la terrasse d’observer dans de relatives bonnes conditions les parties supérieure et inférieure de la frise, sans être gêné par la diminution accélérée du diamètre du fût au-dessus de la spire 12. IIa, spire 6-7 ; pl. Cet exercice requérait, forcément, certaines capacités du public. Gilles Sauron, dans sa somme sur « l’expression plastique des idéologies » à Rome de 60 avant J.-C. à 14 après J.-C., s’était donné pour objectif d’. Depuis le sol, l’observateur s’est reculé au maximum, ouvrant de la sorte le champ visuel, comme le préconise Ptolémée ; sur la terrasse, où nous avons reporté le cône, il s’est au contraire avancé au maximum : puisque la vision perpendiculaire, définie comme la plus souhaitable, est possible, seule la distance nuit. Pour nuancer cette position, on peut proposer un parallèle contemporain. Hill 1965, p. 158-160, propose d’identifier le bâtiment au temple de Iuppiter Victor sur le Palatin. Le but est bien « de les offrir aux regards en un emplacement élevé ». La frise qu'ils forment est longue de près de 200 mètres et divisée en 155 scènes , disposées en 23 spires , dans lesquelles apparaissent 2 570 personnages , dont 634 Daces . On trouve trace de ce principe dans la littérature, le monnayage ou les fresques murales dès l’époque tardo-républicaine73. LXXIIa)38. Vision perpendiculaire et vers le bas (d’après les dimensions données par Packer 1997a). Le contexte dans lequel l’Optimus Princeps fut porté à l’Empire était certes celui de l’assassinat de Domitien, et ce fait est important pour comprendre les débuts du règne de Trajan. 26 et 28)186. A l’aide des dimensions de la place (9 et 7 mètres), du descriptif architectonique de la colonne Trajane livré en Introduction129, du relevé des blocs du fût (fig. 94 Settis 1991, p. 196. 130 Pour chaque spire, nous retenons la moyenne des deux valeurs données par Rockwell 1985, p. 106. Rouveret 1989, p. 55, définit ainsi la skiagraphia : c’est une « technique fondée sur le dessin et la couleur, qui produit des faux-semblants, organisés en fonction d’un point de vue privilégié et efficaces à distance ». Généralités. La Colonne Trajane fut toujours l'un des monuments les plus célébrés de Rome. Et Brilliant 1986, p. 77-78. Pline les oppose aux imagines funéraires des gentes de l’époque républicaine : Il en allait autrement chez nos ancêtres : dans les atriums on exposait un genre d’effigies, destinées à être contemplées : non pas des statues dues à des artistes étrangers ni des bronzes ou des marbres, mais des masques moulés en cire, qui étaient chacun dans une niche177. Et si l’on conserve l’angle de référence tout en reportant les segments A et B (figure 37), on constate que les spires 16 à 21 ( ?) Deux autres portraits plus fragmentaires représenteraient Livie, épouse d’Auguste, et Vespasien162 ; deux éléments de chevelure, identiques à ceux du buste d’Agrippine, ont également été retrouvés ; enfin, un portrait de César aurait été découvert au xvie siècle163. Cet élément lumineux paraît cependant secondaire, toutes les faces de la colonne recevant en définitive un éclairage satisfaisant. La colonne a été fondée de 107 à 113 certainement par… Et d’autres éléments confirment la différence de coloration de ce bloc médian. I à III, avec entre autres, en pl. 38 Stucchi 1989, p. 249-252, fait le point bibliographique et commente un certain nombre de types monétaires, dont ceux, exceptionnels, surmontés d’une chouette. 23Nous retrouvons la fonction funéraire et la grande hauteur chez Cassiodore : « Ses os furent placés dans une urne d’or sous la colonne du Forum qui porte son nom. En dépit de l’aspect séduisant des volumina illustrés, il semble sage d’écarter l’hypothèse, sans pour autant se résigner à l’illisibilité. Pour la bibliographie plus récente, se reporter à la table-ronde Autour de la colonne Aurélienne 2000. Sur le culte des ancêtres à Rome, lire, entre autres, Bettini 1992. Il sera temps ensuite de comparer ce tableau théorique aux reconstitutions archéologiques moins favorables. VII, praef. 33). Le caractère difficile de la lecture, souvent cité comme obstacle, était volontaire, donc obéissait à une préoccupation précise. [...] Les formes des personnages ont dû être traitées, en principe, sans trop d’égard à l’impression du spectateur, ni même, peut-être, à l’emplacement destiné à l’œuvre terminée. Il est vrai que ces lois étaient auparavant prononcées en public par les magistrats : Valette-Cagnac 1997, p. 181-187. IIIa, spire 10-11 ; pl. Elle souligne encore (ibid., p. 53 et note 87) que le processus de lecture d’un volumen se faisait par colonnes : « L’écriture y était disposée en colonnes, qui se succédaient de gauche à droite sur toute la longueur du papyrus. 119 Ouverture angulaire que le cumul « distance de l’observateur avec la frise / altitude de la spire observée » aurait très vite rendu inopérant. La frise est enroulée en spires autour d'une colonne d'ordre dorique et respecte un ordre chronologique :. J.-M. Croisille). [...] Ce qui agit sur la vue, ce qu’elle voit ‘vraiment’ : ce sont les corps suffisamment compacts et éclairés, à l’exclusion des ténèbres qui ne frappent pas le regard, et des milieux parfaitement transparents où il se perd. Elle lui permet de comprendre ainsi la fin de la dédicace : « [...] pour montrer de quelle hauteur furent déblayés, après de si grands travaux, la roche (ou la colline) et le terrain »58. 64 Bonnes reproductions dans Pensa 1969-1970, p. 270 planche 11.1 : Kunsthistorisches Museum, Vienne ; et p. 272 planche 12.2 : Museo Nazionale Romano, Rome. 33De tous ces documents, se dégage un souci constant : l’axialité, qui favorise la vision en perspective des bâtiments. OpenEdition est un portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales. Cela n’a pas empêché l’émergence d’un « art », ou d’un « style », ou d’un « discours » trajanien, d’œuvres littéraires, iconographiques ou urbanistiques reflétant la conception trajanienne du principat. La spire 7 était alors aisément visible depuis les terrasses de la Basilica, situées à six mètres à peine, et supportait une hauteur de spire moins importante. Intégrale de la colonne Trajane 2 Frise de la colonne Trajane 2/6, bataille, raid des Daces, renfort de troupes. Il est impossible de reconstituer le « juste équilibre » entre les deux possibilités. 112Si l’on découpe la frise non plus en campagnes spirales mais en faces verticales, on constate le même découpage. Face NE, pl. De par l’analyse interne des reliefs, on aurait pu s’arrêter à la spire 21 : en effet, cette dernière conserve peut-être l’indice de la visibilité espérée par les concepteurs de la frise, puisqu’au-delà on constate la disparition de la silhouette impériale. 104Pline poursuit avec les boucliers de la Basilica Aemilia : Après lui, M. Aemilius, qui géra le consulat en même temps que Q. Lutatius, plaça des écus non seulement dans la basilique Aemilia180, mais aussi dans sa propre demeure, s’inspirant là également d’un usage militaire : en effet les portraits se trouvaient sur des boucliers semblables à ceux qui servirent à combattre devant Troie ; c’est de là qu’ils ont tiré leur nom de clupei, et non pas comme l’a voulu une subtilité mal placée de grammairien, de cluere181. 12La lecture ne se fait jamais en cheminant (sauf dans le cas des milliaires à fût courbe), mais par faces (d’autels, d’arcs de triomphe). Vitruve mentionne ainsi, justement à propos de colonnes dont l’altitude atteignait cinquante pieds, les correctifs à prévoir pour éviter les illusions et obtenir, non une bonne visibilité (ces colonnes sont des colonnes non-historiées), mais une venusta species91. Le seul rapprochement acceptable entre volumen et frise de la colonne Trajane passe, à notre avis, par la prise en compte de ce type de lecture dynamique. XXXV, 6 (trad. Surtout, il est placé en hauteur, hauteur calculée pour que le segment B du cône visuel atteigne la spire 23 : pour atteindre cette hauteur, les terrasses doivent culminer à 19,37 m d’altitude, soit environ 65 pieds romains. Le regard portait sans doute à une hauteur moindre, mais la différence paraît minime et l’effet sur la visibilité difficilement mesurable (une spire ? En soutenant que l’étroitesse de la place est destinée à rapprocher le spectateur antique de la frise, on exclut la possibilité d’ouverture du champ visuel et le souci d’axe du cône optique.