Garantir la neutralité et l'intégrité des États à proximité de la Manche, c'est-à-dire la Belgique et les Pays-Bas qui s'inscrivent comme une zone tampon protégeant le territoire britannique de toute invasion.Continuité d'une seule et même politique depuis la fin de la guerre de Cent Ans, maintenir l'équilibre continental en Europe (il faut éviter que l'Allemagne ne deviennent trop puissante). C'est ainsi qu'une paix de conciliation est restée impensable pour les dirigeants allemands, tant elle aurait signifié une perte de leur pouvoir de manière aussi certaine qu'une défaite venue de l'extérieur. À l'époque du nationalisme et de l'impérialisme, presque personne ne reconnaît que les annexions n'affaibliraient pas l'ennemi et ainsi que la paix ne pourrait pas être assurée, mais au contraire de nouveau mise en danger[7]. Une thèse exactement opposée, celle de Fritz Fischer dans Les buts de guerre de l'Allemagne impériale 1914-1918 (1961), soutient au contraire que Guillaume II a déclenché la guerre pour faire de l'Empire Allemand une puissance mondiale. Le but de guerre qu'est la constitution d'une Afrique centrale allemande est ardemment poursuivi. Alors que la vague de commémoration du centenaire de la première guerre mondiale va prendre fin, arrêtons-nous brièvement sur cent ans de perceptions et d’analyses de … Cette expansion du pouvoir, critique et mesurée ou radicale et excessive, est l'expression d'une conscience politique spécifique à l'ère wilhelmienne : elle comprend l'accumulation de pouvoir comme le noyau de l'existence d'un État. Qui était Adolf Hitler ? Les participants à la conférence cherchent à savoir quels effets auraient en retour les différentes conquêtes sur l'avenir politique de la monarchie[56]. » extrait de M. Barrès, L’Écho de Paris , 1914. Le but principalement économique formulé avant-guerre d'une expansion coloniale en Afrique et en Asie mineure est vite remplacé par une expansion générale de la puissance allemande en Europe, l'Allemagne se sentant en danger du fait de sa position centrale. Le nationalisme a rendu les peuples sensibles à la question des frontières et des pertes territoriales, si bien que toute atteinte à ces dernières a des conséquences diplomatiques désastreuses durables. Les projets nationaux (völkisch) d'évacuation et de colonisation de la sphère orientale (Ostraum) étaient déjà présents dès le début de la guerre, même s'ils ne se sont imposés à l'ensemble des élites du pouvoir de l'Empire qu'en 1918 après le triomphe de courte durée du commandement suprême de l'armée allemande[50]. 1914-1918 (Griff nach der Weltmacht…). Hitler, qui « renoue avec ces continuités qu'il brise cependant » (Thomas Nipperdey), et son programme se raccrochent certes aux buts de guerre les plus larges possibles de la Première Guerre mondiale, mais en sont détachés dans leur essence de par le dogme raciste développé[52]. Limiter la puissance navale allemande qui menace le commerce anglais et sa suprématie sur les mers et les océans du monde. Les buts de guerre détaillés sont secondaires, seul le caractère héroïque de la guerre compte. Ce programme de « paix » est le fruit d'accords entre les principaux responsables économiques du Reich, le directeur de la Deutsche Bank, Arthur von Gwinner, et le directeur de la compagnie électrique AEG, Walther Rathenau[6]. Pour ce dernier, Le programme de septembre est avant tout le reflet des préoccupations politiques et économiques du chancelier à la fin de l'été 1914[32]. Indemniser la France et la Belgique des dommages de guerre causées par les combats et l'invasion prussienne. À la fin d'août, Arthur Zimmermann, alors sous-secrétaire d'état aux affaires étrangères, propose la mise en place d'une tutelle économique, contre les partisans de larges annexions en Europe[4]. Buts de guerre L’Album franco-allemand de la Grande Guerre. Quelles sont les dates clés de sa vie, de son ascension au pouvoir ? Juillet 1914 - août 1914 - Septembre 1914. De même, le chancelier suggère l'intégration de la France à l'ensemble économique allemand pour garantir sa sujétion économique et commerciale au Reich[17]. Le démantèlement des fortifications entre Dunkerque et Boulogne est ainsi exigé[13]. Le combat contre la Russie trouve par contre plus de soutien dans l'Allemagne du sud, chez les sympathisants des Habsbourg et au sein de la branche des financiers. Parmi ces derniers, Walther Rathenau reste cependant conscient de la nécessité de la réalisation du programme politique pour sécuriser les positions économiques conquises par la victoire allemande[5]. Pourquoi Hitler a déclenché la seconde guerre mondiale ? Le camp des mesurés reste isolé des ouvriers et démuni, tout comme Bethmann Hollweg, face au mouvement de masse annexionniste. En Allemagne, l'historien Fritz Fischer, dans ses textes, cherche à démontrer l'importance dans la formulation des buts de guerre allemands durant le premier conflit mondial[7], en affirmant à la fois que les objectifs politiques et économiques de ce programme ont constitué la clé de voûte de tous les projets allemands de sortie de guerre[23]. essais gratuits, aide aux devoirs, cartes mémoire, articles de recherche, rapports de livres, articles à terme, histoire, science, politique. En France, l'historien Georges-Henri Soutou a notamment affirmé que le document relève d'un « processus d'impérialisme économique parfaitement mythique »[31]. On aperçoit donc une disproportion entre une forte influence « vers le haut » et un manque de portée « vers le bas ». Politique d'avant-guerre, buts de guerre d'avant 1914 et buts de guerre de 1918 forment une unité, tout comme les buts de guerre des différents groupes, partis et classes en forment une[47]. Les traités complémentaires au traité de Brest-Litovsk du 27 août 1918 marquent certes une nouvelle humiliation russe, mais mettent également un terme provisoire aux plans d'annexions allemands[11]. Le but principalement économique formulé avant-guerre d'une expansion coloniale en Afrique et en Asie mineure est vite remplacé par une expansion générale de la puissance allemande en Europe, l'Allemagne se sentant en danger du fait de sa position centrale. Le plan allemand pour une victoire rapide « Le plan d’opération conçu par Schlieffen en vue de la guerre sur deux fronts visait en premier lieu à remporter une décision rapide et décisive à l’Ouest. Depuis le programme de septembre, aucun des responsables politiques ne démord de l'idée que la Belgique doit devenir un État vassal en réalisant des annexions aussi importantes que possible[19]. Depuis la fondation de l'Empire, l'Allemagne veut assurer sa puissance et faire valoir ses revendications d'une politique mondiale. LE VATICAN ET LES BUTS DE GUERRE GERMANIQUES DE 1914 À 1918 : LE RÊVE D'UNE EUROPE ALLEMANDE. selon les recommandations des projets correspondants. Élaboré par des représentants des milieux économiques, il est destiné au chancelier, mais ce dernier partageant son temps entre le siège du commandement et la chancellerie du Reich, le programme est adressé à Clémens von Dellbrück, alors chargé des affaires courantes à Berlin[8]. Les annexionnistes essaient, pour le dire simplement, de résoudre par l'expansion les grands problèmes de l'Empire en matière de politique étrangère. Cependant, à partir de 1915, les premières contradictions se font jour[17]. Toutefois, l'effet de cette mesure est limité, et elle est très vite levée sous la pression du troisième Oberste Heeresleitung (OHL), ainsi qu'en raison de la mobilisation psychologique des populations lasses de la guerre. L'échec est également à imputer aux exigences de l'époque et au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes qui y est associé et que l'Empire n'a au fond pas vraiment accepté[42]. L'Allemagne passe à côté du revirement en politique et au sein de l'opinion publique en formulant avec cette évidence les buts de guerre et en mettant en œuvre tous les moyens politiques et militaires disponibles[37]. Rapidement, le programme du chancelier, qui sait mélanger les aspirations des milieux politiques et économiques du Reich, est rapidement contesté par les nationalistes de la Ligue pangermaniste, regroupée autour de Heinrich Class, qui rédige son propre programme de septembre[2], ou par les industriels, August Thyssen notamment, qui proposent eux aussi les objectifs qu'ils assignent au conflit : le mémorandum remis au nom de celui-ci par Matthias Erzberger le 9 septembre, jour de la publication du programme du chancelier, prévoit de larges annexions à l'Ouest, repoussant la frontière française sur la Meuse, et à l'Est, le bassin du Don et la Crimée[19]. Avec son « alliance entre le domaine seigneurial et le haut fourneau », l'Allemagne a mené une politique de buts de guerre qui ne peut être expliquée que par le dilemme du système conservateur d'un État agraire industrialisé dans lequel le pouvoir économique des conservateurs s'est de plus en plus réduit[49]. La puissance allemande en Europe doit également passer par la création d'une union douanière[14] regroupant la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, l'Autriche-Hongrie, la Pologne et éventuellement l'Italie, la Suède et la Norvège. Grâce aux gains territoriaux dans le nord, il serait alors possible de céder certains territoires à la Grèce dans le sud pour garantir sa neutralité. Ludendorff ne croit pas à une séparation étatique durable de l'Ukraine vis-à-vis de la Russie. La France réduite militairement, il est également question de placer la Belgique, soumise à un strict contrôle politique et économique, sous une forte tutelle militaire, à défaut d'une annexion pure et simple au Reich[15]. À ces objectifs territoriaux en Europe s'ajoutent des projets[6], pour notamment permettre la constitution d'un empire colonial en Afrique centrale, la Mittelafrika centrée sur le bassin du Congo, aux dépens de la France, du Royaume-Uni, de la Belgique[13] et du Portugal, bien que ce dernier soit neutre. Pour la Belgique, le chancelier prévoit également un large programme d'annexions, Liège et Verviers doivent être annexées à la Prusse et le pays entier doit devenir un État vassal et une province économique allemande[12]. Résumé du document. Dans le cadre de la politique des États frontaliers (en allemand Randstaatenpolitik) de l'Allemagne qui consiste à repousser la Russie en créant une zone d'États tampons allant de la Finlande jusqu'à l'Ukraine, le point d'ancrage de la volonté expansionniste allemande à l'est se situe avant tout dans les pays baltes. Les gouvernements ne parlent, dans la première phase de la guerre, des buts de guerre que de manière générale, et cela jusqu'en 1917[4] ; ils se consacrent plus volontiers à rallier l'opinion publique à l'idée de victoire. La tentative de l'été 1918 de réaliser l'ensemble allemand à l'est était accompagnée de projets de colonisation et d'évacuation qui ressemblent en de nombreux points à l'Ostpolitik d'Hitler, même si l'idée de traiter des millions de Slaves comme des hilotes ou d'assassiner des millions de Juifs n'existait bien sûr pas pendant la Première Guerre mondiale. Buts de guerre allemands et austro-hongrois en Pologne Dès le mois de septembre 1914, la Pologne suscite l'intérêt des puissances centrales. Voici l’autre, telle que Riezler, le confident du chancelier allemand Bethmann-Holweg, la développe le 29 août 1914 pour le chef du service de presse du ministère allemand des Affaires étrangères : "Le but de la guerre est de nous garantir, à l’Est et à l’Ouest, pour une durée prévisible, par l’affaiblissement de … Cet état d'esprit va perdurer pendant la République de Weimar[38]. Le 4 décembre 1914, un député social-démocrate allemand, l’avocat antimilitariste Karl Liebknecht, viole enfin la discipline de la fraction sociale-démocrate au Reichstag et vote contre le deuxième paquet de crédits de guerre. D'après la théorie de l'impérialisme sociale de Hans-Ulrich Wehler, l'Empire avait déjà développé à l'époque d'Otto von Bismarck la stratégie politique consistant à contrebalancer (et sans doute neutraliser) les tensions sociales intérieures par une politique étrangère basée sur un impérialisme colonial renforcé. Pavel Milioukov, ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement, veut reprendre les vieilles revendications des tsars sur Constantinople et les Détroits mais il est contrecarré par le soviet de Petrograd, nouveau pouvoir qui concurrence celui du Gouvernement provisoire : le 14 mars 1917, le soviet adresse un manifeste « aux peuples du monde entier » pour exiger une « paix sans annexions ni indemnités ». Par des annexions à l'est et à l'ouest dans des proportions en partie extrêmes, l'Empire allemand veut assurer durablement son hégémonie européenne. Toute volonté d'expansion de sa part entrait alors en opposition avec l'équilibre des forces en Europe. Occuper la Croatie, la ville de Trieste et les provinces du Trentin et Frioul. Chez les annexionnistes, on observe, au moins jusqu'à la mise en place de la troisième OHL, exactement le contraire, ce qui conduit à un sentiment d'infériorité dans le camp des mesurés, bien que leur action ait été confirmée par le cours des événements. ; 3 septembre : . Du point de vue de ce dernier, la Grèce n’aurait pas été capable de tenir le front face aux Bulgares et aux Ottomans simultanément, en dépit des promesses d’une assistance active des forces alliées. Le professeur Ernst Rudolf Huber estime que « du point de vue des buts de guerre annexionnistes, on ne peut formuler le reproche ni pour l'une ni pour l'autre des parties d'être entrées dans la guerre, vu le fondement de cette dernière, comme dans une guerre de conquête[1] ».